Les patients hospitalisés sont les plus susceptibles de mourir le week-end

Il y a huit ans, des chercheurs britanniques ont commencé à étudier la dynamique des décès à l'hôpital le week-end. Des scientifiques de l'Imperial College de Londres, établissement faisant autorité en la matière, ont découvert qu'en deux ans, de 2005 à 2006, environ 3 500 patients sont décédés dans les hôpitaux anglais, alors qu'ils étaient cliniquement guérissables, c'est-à-dire qu'avec des soins professionnels appropriés, ils auraient pu être sauvés.

Les scientifiques ne violent pas les règles tacites du corps médical en accusant les médecins de négligence. Au contraire, selon les chercheurs, la raison en est que les samedis et dimanches, les patients restent sous la surveillance de personnels de niveau intermédiaire, incapables de fournir une assistance urgente dans des situations critiques, par exemple pour effectuer une opération. Selon la réglementation nationale en vigueur, la majorité des chirurgiens, cardiologues et autres spécialistes hautement qualifiés partent en vacances, ce qui est tout à fait normal, mais le système actuel de garde ne permet pas de mobiliser le nombre requis de médecins. Par conséquent, les infirmières et les employés subalternes doivent surveiller tous les patients, y compris les plus graves.

La recherche est dirigée par Paul Eileen et son équipe comprend des professeurs d’université, des étudiants, des cliniciens et des analystes de nombreux établissements de santé britanniques.

Les données statistiques publiées par les scientifiques dans la célèbre publication spécialisée, le British Medical Journal, indiquent:

1. Étudié:
   • 2005-2006 - plus de 4 000 000 de cas cliniques n'ayant pas nécessité de chirurgie.
   • 2008-2011 - plus de 4 100 000 interventions chirurgicales.
2. Les études ont été menées dans 163 cliniques, hôpitaux et établissements publics d’hospitalisation.
3. Mortalité des patients hospitalisés:
   • 2005-2006 – environ 3 500 cas par an. Parmi ceux-ci, 2 150 ont été confirmés par les analyses pathologiques, indiquant un décès prématuré.
   • 2008-2011 – 27 500 décès dans le mois suivant l’intervention chirurgicale, dont plus de 4,5 % du nombre total survenant le week-end.
4. La mortalité lors d’une chirurgie élective augmente de 44 % si l’opération est réalisée le vendredi ou un week-end (par rapport au lundi).
5. La mortalité après des interventions chirurgicales d'urgence réalisées le vendredi ou pendant le week-end est 82 % plus élevée qu'après des interventions chirurgicales réalisées le lundi.

Depuis trois ans, les scientifiques étudient les maladies nécessitant une intervention chirurgicale. Les données statistiques démontrent clairement une différence frappante dans le nombre de décès par rapport à 2005 et à l'étude de la mortalité due aux maladies courantes. L'étude menée entre 2008 et 2011 portait sur cinq types d'opérations parmi les plus graves et les plus difficiles:

• Pontage aortocoronarien.
• Résection chirurgicale de l'œsophage.
• Anévrisme de l'aorte abdominale.
• Ablation d'un segment du rectum.
• Ablation d'une partie ou de la totalité d'un poumon.

Les analystes ont fourni des statistiques impressionnantes:

• 3,5 % (le pourcentage le plus élevé de décès) sont des interventions chirurgicales de l'œsophage. Sur 1 000 interventions chirurgicales, 35 décès surviennent les vendredis et les week-ends.
• 3,4 % - opérations réalisées en urgence pour anévrisme de l'aorte abdominale. On a recensé 34 décès postopératoires pour 1 000 opérations.
• 2,4 % - opérations visant à retirer un segment du rectum.
• 2 % des décès du week-end sont dus à une chirurgie pulmonaire.

Au total, la perte annuelle inutile de plus de 3 000 Britanniques représente 5 % de plus que le nombre de personnes tuées sur les routes et les autoroutes à la suite d'accidents de voiture.

Les chirurgiens expérimentés savent que les complications graves, potentiellement mortelles, surviennent le plus souvent dans les deux premiers jours suivant l'intervention (48 heures), et c'est durant cette période que le patient nécessite une surveillance particulière de la part du médecin. Il est logique de supposer qu'une intervention chirurgicale pratiquée dans une clinique britannique un vendredi puisse entraîner le décès d'un patient pris en charge uniquement par du personnel médical de niveau intermédiaire et junior pendant le week-end.

Outre le besoin urgent de revoir le système d'horaires et de quarts de travail pendant les jours fériés et les week-ends, le pays se heurte à un autre problème: la pénurie de personnel hautement qualifié. Des chercheurs britanniques ont été rejoints par des chercheurs espagnols qui ont attiré l'attention sur la dynamique déprimante des décès dus à la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) le week-end, ainsi que par des médecins canadiens qui préparent déjà un rapport sur le pourcentage élevé de décès de patients victimes d'AVC le week-end.

Résumant les statistiques alarmantes, le président du comité restreint de la BMA (British Medical Association), Paul Flynn, a appelé à un examen plus approfondi des données, en tenant compte de tous les facteurs socio-économiques, et à se concentrer sur le développement d'un programme de soins accessibles, urgents, professionnels, de qualité et disponibles 24 heures sur 24.

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