L'urbanisation a entraîné des changements dans les habitudes sexuelles des oiseaux

Les mésanges femelles vivant à proximité des routes et des habitations humaines doivent changer leurs habitudes sexuelles: elles préfèrent généralement les mâles à voix basse, mais le bruit industriel les oblige à composer avec ceux qui chantent haut, mais peuvent être entendus.

L'impact de la civilisation humaine sur la faune sauvage ne se traduit pas seulement par la pollution chimique ou la disparition d'habitats familiers aux animaux. Des chercheurs de l'Université de Leyde (Pays-Bas) ont décidé d'étudier l'impact de la pollution sonore sur le comportement des oiseaux.

Nous sommes habitués au bruit de la ville, de la production industrielle et des autoroutes, et l'impact du bruit « sale » sur l'environnement nous est peu apparent. Cependant, les sons industriels et urbains, principalement regroupés dans la zone des basses fréquences, peuvent perturber la communication des animaux et des oiseaux, affectant ainsi leur comportement et leur écologie. Lors de précédentes études, des ornithologues néerlandais ont montré que le bruit de la route incite les mésanges charbonnières mâles (Parus major) à élever littéralement la voix, c'est-à-dire à chanter à des fréquences plus élevées. Dans ces nouvelles recherches, les scientifiques étudient l'impact d'une telle augmentation sur le comportement des oiseaux.

Les ornithologues ont enregistré les chants de 30 mâles, qu'ils exécutent à l'aube pendant la saison des amours printanières. L'analyse des exercices vocaux a permis de conclure que les mâles exécutent les chants les plus graves directement pour les femelles sur le point de pondre. Après l'éclosion des poussins, les chercheurs ont vérifié lesquels des mâles avaient accueilli leurs propres poussins dans leur nid et lesquels avaient été trompés. Il s'est avéré que plus le chant nuptial du mâle était aigu, plus la probabilité que la femelle s'enfuie pour rencontrer un nouveau prétendant était élevée, et que les poussins au nid soient la progéniture de ce dernier.

Ainsi, les mésanges femelles (comme beaucoup de femmes?) sont fans des mâles au baryton sexy. Dans la troisième version de l'expérience, les auteurs ont proposé à des femelles cachées dans leurs nids d'écouter des enregistrements de voix masculines. Les femelles préféraient les chants graves, mais si un bruit de basse fréquence était superposé à l'enregistrement, elles n'avaient d'autre choix que de réagir aux voix aiguës. Les scientifiques ont présenté les résultats de leurs observations dans la revue PNAS.

Ainsi, les mésanges mâles vivant à proximité des humains doivent faire un choix difficile: si elles chantent de manière sexy et grave, elles risquent de ne pas être entendues, et si elles chantent de manière aiguë, elles risquent de se voir préférer une autre mésange. Les femelles doivent donc modifier leur comportement, en choisissant non pas celle qu'elles désirent, mais celle qui peut être entendue.

Parallèlement, les mésanges, comme l'écrivent les chercheurs, ont de la chance: elles peuvent varier la hauteur de leurs chants. Comment se comportent ces espèces, qui n'ont pas été dotées par la nature d'une voix aussi souple, et dans quelle mesure la pollution sonore affecte leur écologie? Cela reste à étudier. On peut néanmoins supposer que le sort de ces espèces, qui vivent également à proximité d'une ville ou d'une autoroute, est très peu enviable.