Les anciens fumeurs qui sont passés au vapotage pourraient présenter un risque plus élevé de cancer du poumon

Les anciens fumeurs de cigarettes qui utilisent des cigarettes électroniques ou des appareils de vapotage pourraient avoir un risque plus élevé de développer un cancer du poumon par rapport à ceux qui ne vapotent pas, selon une étude publiée lors de la conférence internationale ATS 2024.

« Il s'agit de la première étude de grande envergure basée sur la population montrant un risque accru de cancer du poumon chez les utilisateurs de cigarettes électroniques après l'arrêt du tabac », a déclaré l'auteur principal, le Dr Yeon Wook Kim, professeur associé, Division de médecine pulmonaire et de soins intensifs, Département de médecine interne, Hôpital Bundang de l'Université nationale de Séoul, République de Corée.

Les cigarettes électroniques ont gagné en popularité dans le monde entier comme alternative au tabac, et certains fumeurs se tournent vers le vapotage pour arrêter de fumer. Cependant, on sait peu de choses sur ses effets à long terme, et il n'existe aucune donnée épidémiologique sur le lien entre l'usage de la cigarette électronique et le cancer du poumon.

Des études biologiques suggèrent des dangers potentiels liés aux cigarettes électroniques, notamment une toxicité pulmonaire et un cancer du poumon. Il a été démontré que les cigarettes électroniques et leurs éléments chauffants contiennent des composés carbonylés (formaldéhyde, acétaldéhyde, acroléine et diacétyle, par exemple) et des métaux toxiques (chrome, nickel et plomb, par exemple), cancérigènes reconnus. Ces toxines sont également présentes dans les cigarettes classiques.

« Nos résultats suggèrent que les effets nocifs potentiels de l’utilisation de la cigarette électronique comme alternative au tabagisme devraient être pris en compte lors de l’intégration des interventions de sevrage tabagique pour réduire le risque de cancer du poumon », a déclaré le Dr Kim.

Pour déterminer le risque de ces personnes, les chercheurs ont évalué 4 329 288 personnes ayant des antécédents de tabagisme régulier qui ont participé au Programme national de dépistage de la santé de la République de Corée au cours de deux périodes: 2012-2014 et 2018. Ils ont effectué un suivi en décembre 2021.

L'équipe de recherche a classé les participants en six groupes en fonction de leurs antécédents tabagiques et de leurs changements d'habitudes. Elle a utilisé une analyse statistique pour estimer le risque de développer un cancer du poumon et d'en mourir dans chaque groupe.

Au cours du suivi, ils ont constaté que 53 354 personnes ont développé un cancer du poumon et que 6 351 personnes en sont décédées. Les anciens fumeurs de cigarettes ayant arrêté de fumer pendant cinq ans ou plus et utilisant des cigarettes électroniques présentaient un risque plus élevé de mourir d'un cancer du poumon que ceux ayant arrêté de fumer pendant cinq ans ou plus et n'utilisant pas de cigarettes électroniques.

Parmi les fumeurs qui ont arrêté de fumer il y a moins de cinq ans, ceux qui utilisaient des cigarettes électroniques présentaient un risque plus élevé de développer un cancer du poumon et d’en mourir par rapport aux non-utilisateurs de cigarettes électroniques.

Le Dr Kim et ses collègues ont également mené une analyse stratifiée dans laquelle ils ont examiné les personnes âgées de 50 à 80 ans ayant des antécédents de tabagisme de 20 paquets-années ou plus, car ces personnes sont les plus susceptibles d'être orientées vers un dépistage du cancer du poumon selon les recommandations 2021 de l'US Preventive Services Task Force (USPSTF) et les directives 2023 de l'American Cancer Society (ACS).

Les anciens fumeurs de ce groupe ayant arrêté de fumer depuis cinq ans ou plus et utilisant la cigarette électronique présentaient un risque plus élevé de cancer du poumon et de décès par cancer du poumon que ceux n'utilisant pas de cigarette électronique. De plus, les anciens fumeurs ayant utilisé la cigarette électronique et arrêté de fumer depuis moins de cinq ans présentaient un risque comparatif plus élevé de développer un cancer du poumon.

Les auteurs concluent: « Les cliniciens devraient souligner les effets potentiellement nocifs de l’utilisation de la cigarette électronique comme alternative lors de l’intégration d’interventions de sevrage tabagique pour réduire le risque de cancer du poumon. »