La créatine peut protéger le cerveau, améliorer l'humeur et la mémoire, ont montré des scientifiques

Les scientifiques ont découvert que la créatine peut faire plus que simplement développer les muscles: elle renforce la résilience du cerveau, améliore l’humeur et soutient la fonction cognitive grâce à des voies biochimiques activées par l’exercice.

La supplémentation en créatine est largement reconnue pour sa capacité à augmenter la masse et la force musculaires, ainsi qu'à améliorer les performances sportives. Une étude récente publiée dans la revue Frontiers in Nutrition a examiné ses effets sur la santé cérébrale et musculaire via l'axe cerveau-muscle.

Introduction

Le cerveau et les muscles squelettiques consomment d'énormes quantités d'énergie pendant l'activité. La créatine est une molécule régulatrice essentielle dans ces deux systèmes organiques, prévenant les dommages lors des périodes de forte demande énergétique. Elle fournit un apport rapide d'énergie sous forme d'ATP, réduit le stress oxydatif et combat l'inflammation.

Qu'est-ce que la créatine?

La créatine, ou acétate de méthylguanidine, est une molécule riche en azote formée à partir des acides aminés arginine, glycine et méthionine. Elle est principalement synthétisée dans le foie et le cerveau, mais peut également être obtenue à partir de bœuf, de poisson ou de porc et consommée sous forme de complément alimentaire.

La créatine agit sur de multiples voies cellulaires et a divers effets. Parmi les résultats, on peut citer un meilleur équilibre énergétique, des effets anti-inflammatoires, une hypertrophie musculaire et une meilleure régulation de la glycémie.

La créatine et l'axe muscle-cerveau

Les cellules musculaires volontaires libèrent des myokines, des protéines de signalisation qui affectent des organes distants, dont le cerveau. Les myokines pourraient agir via l'axe muscle-cerveau pour influencer la santé cérébrale et potentiellement contribuer à la performance physique globale, et pas seulement aux gains de force ou d'endurance.

En pénétrant la barrière hémato-encéphalique, les myokines stimulent la prolifération neuronale, favorisent la formation de nouvelles voies neuronales et améliorent l'efficacité des circuits neuronaux existants. Elles améliorent ainsi les capacités cognitives et suppriment les changements comportementaux indésirables. Elles protègent également les neurones de l'inflammation et des dommages liés au stress oxydatif, préservant ainsi les fonctions cognitives, notamment en cas de stress lié à l'âge ou de stress pathologique.

L'axe muscle-cerveau est considéré comme un système de communication interactif bidirectionnel impliquant des myokines, notamment le facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF), la cathepsine B, l'interleukine-6 (IL-6), le facteur de croissance analogue à l'insuline-1 (IGF-1), l'irisine et le lactate. Le BDNF est une protéine neurotrophique clé responsable de la neurogenèse et de la neuroplasticité, et améliore la mémoire.

La majeure partie du BDNF présent dans le sang provient du cerveau au repos ou de l'activité physique. Un exercice physique intense entraîne une augmentation à court terme des taux de BDNF. Les myokines affectent le métabolisme lipidique, stimulant la conversion de la graisse blanche inactive en graisse brune active. Elles favorisent également la formation osseuse et améliorent la fonction endothéliale.

La créatine comme source d'énergie

La créatine pénètre dans les cellules via une molécule de transport. Bien qu'un tiers reste sous forme libre à l'intérieur de la cellule, la majeure partie est phosphorylée en phosphocréatine (PCr). Celle-ci est la source de phosphate actif pour l'ADP, qui le convertit en ATP.

Cette augmentation rapide des réserves de PCr dans le muscle facilite la resynthèse rapide de l'ATP, fournissant ainsi rapidement de l'énergie lors d'activités de haute intensité comme le sprint ou la musculation. Ce processus est particulièrement marqué dans les tissus à forte demande énergétique: les muscles, le cerveau et le cœur.

Suppléments de créatine

Associée à la musculation, la supplémentation en créatine contribue à augmenter la masse maigre et la force musculaire. Elle améliore l'adaptation à l'entraînement et la récupération. Ces effets peuvent se produire en déclenchant la libération de myokines, favorisant ainsi l'anabolisme des cellules musculaires.

La créatine régule l'équilibre entre les réponses anti-inflammatoires et inflammatoires à l'effort. Elle peut contribuer à prévenir les blessures et à maintenir une température corporelle stable pendant l'effort.

En plus de stimuler directement la production de myokines, la créatine influence d'autres voies de signalisation associées à la régulation des myokines, comme la voie mTOR. Par exemple, une supplémentation en créatine augmente les taux d'IGF-1, un facteur de croissance qui améliore la prolifération neuronale et la plasticité synaptique.

Les améliorations des performances anaérobies induites par la créatine au cours de périodes répétées d’activité musculaire de haute intensité peuvent être bénéfiques dans les sports cycliques qui nécessitent une accélération rapide ou des sprints finaux, comme le cyclisme sur piste.

Il est à noter que le lactate est une myokine, issue du métabolisme musculaire anaérobie. Cependant, les concentrations sanguines de lactate n'ont pas augmenté après une supplémentation en créatine à court terme. Le lactate favorise l'augmentation des taux de BDNF, probablement en raison d'une production accrue de myokines due à l'augmentation de l'ATP associée à la supplémentation en créatine.

Les suppléments de créatine pourraient également contribuer à la lutte contre les maladies neurodégénératives, notamment la maladie de Huntington et la maladie de Parkinson, et protéger le système nerveux central des dommages liés aux commotions cérébrales. Des recherches préliminaires suggèrent également des bienfaits pour la santé de la mère pendant la grossesse, une réduction du risque de dépression et une possible utilisation en cas de faiblesse musculaire liée à l'âge.

La créatine comme neuroprotecteur

Il existe des preuves que la créatine est un neurotransmetteur. Présente dans les vésicules synaptiques, sites de neurotransmission, elle semble influencer la signalisation des neurones corticaux. L'activité mitochondriale des neurones hippocampiques est également renforcée par la créatine. Ceci, combiné à son activité antioxydante, à sa capacité à réduire le stress oxydatif et à ses effets sur le neurodéveloppement et les modifications électrophysiologiques, suggère que la créatine pourrait avoir un effet neuroprotecteur.

La supplémentation en créatine favorise des entraînements plus intenses en stimulant la libération de BDNF et d'autres myokines. La créatine agit indirectement sur le cerveau par l'intermédiaire des myokines, agissant comme une source d'énergie rapide.

La créatine influence la libération de neurotransmetteurs et de cytokines induite par l'exercice, comme la sérotonine et la dopamine, qui améliorent la fonction neuronale et favorisent la neuroplasticité. Elle est également importante pour la régulation émotionnelle, ce qui suggère que la créatine pourrait réduire les symptômes de la dépression.

Il est prouvé que la créatine exerce des effets antidépresseurs rapides via les voies liées aux myokines, avec ou sans thérapie cognitivo-comportementale. Dans une étude pilote récente, 5 g/jour de créatine associés à une TCC pendant 8 semaines ont entraîné une réduction plus importante des scores de dépression que la TCC seule, bien que des études de plus grande envergure soient nécessaires.

La créatine comme régulateur métabolique

La supplémentation en créatine améliore le métabolisme du glucose en augmentant la sensibilité à l'insuline. L'insuline influence directement les niveaux de myokines clés agissant sur l'axe muscle-cerveau. Elle favorise l'absorption du glucose par les cellules musculaires via GLUT-4, augmentant potentiellement la libération de myokines en réponse à l'exercice.

Conclusions

La supplémentation en créatine a été fortement associée aux performances physiques et à une augmentation de la production de myokines. La créatine a un impact non seulement sur les performances musculaires, mais aussi sur la santé cérébrale et les fonctions cognitives. Elle pourrait contribuer à prévenir les lésions musculaires inflammatoires et favoriser la récupération après l'effort et la dépression. Cependant, en raison des différences de méthodologie des études, de dosage et de réponses individuelles, ces effets doivent être interprétés avec prudence. Des recherches cliniques supplémentaires sont nécessaires pour confirmer si la créatine augmente directement les taux de BDNF ou d'autres myokines.

Il existe plusieurs voies biologiquement pertinentes qui expliquent l'association de la créatine avec le BDNF, notamment une disponibilité accrue de la PCr ou l'activation de la PGC-1α dans le muscle squelettique pendant l'exercice, conduisant à une augmentation de l'irisine puis du BDNF.

D'autres facteurs pourraient inclure une augmentation des taux de calcium créatino-dépendants et l'activation de mTOR dans les cellules musculaires. Cependant, les effets d'une supplémentation en créatine sur les taux de BDNF et d'autres myokines restent inconnus. De telles études pourraient confirmer les bienfaits d'une supplémentation en créatine sur la santé physique et mentale via l'axe muscle-cerveau.